J’ai eu l’honneur (et je le dis sans aucune ironie) d’intervenir dans la zone scolaire d’une maison d’arrêt, pour animer un atelier d’écriture et collecter des mots…
La prison concentre, en chacun de nous, d’innombrables idées reçues… Impossible de les mettre toutes de côté quand on franchit la grande porte. Mais les quelques heures dans les murs se chargent de remettre quelques choses en place.Après le passage de nombreux points de contrôle (qui a dit qu’il était facile de rentrer ?), nous nous installons dans la salle de classe. C’était le moment le plus chaud de l’été. Les détenus racontent que pour dormir, ils mouillent leur draps au lavabo et ils s’allongent dessus, à même le sol.
Car ils racontent beaucoup. Ils se sont mis à parler dès qu’ils sont entrés, et on ne les arrête pas. Ils parlent un peu de la prison, mais surtout du “dehors”. X. nous raconte la voiture qu’il avait, une grosse cylindrée gourmande en fuel : “Je faisais le tour du quartier et elle était déjà dans le rouge !” Y. explique comment il a fui son pays clandestinement, avec sa famille, en camionnette. En franchissant illégalement la frontière d’un pays voisin, ils ont été pris en chasse ; la camionnette a eu un accident. Y a été le seul survivant ; il a vu tous les siens mourir. Il est parvenu à entrer en France et maintenant, il se retrouve en prison parce qu’il a frappé, une seule fois, sa petite copine française. Quant à Z., il ne parle que d’une chose : ses enfants…
Les brèves intitulées “Miettes de vie” racontent les moments drôles, curieux, intenses, surprenants… qu’il m’arrive de vivre dans le cadre de mon travail de rédacteur indépendant et biographe.
Bien entendu, toutes les circonstances qui permettraient d’identifier les personnes (noms, lieux, dates, titres…) sont modifiées, en respect de mon engagement de confidentialité.